Culture
Histoire de Lyon : la colonne du méridien
Au fil des années, les villes changent et de nombreux éléments sont détruits au profit de nouvelles constructions. Retour sur la colonne du méridien, ce cadran solaire au cœur de Lyon qui a disparu au 19e siècle.
Un cadran solaire dans la ville
Au 18e siècle, la ville de Lyon fait construire par l’architecte Pierre-Gabriel Bugniet sur la place des Cordeliers une grande colonne de plus de 20 mètres de haut. Il s’agit en réalité d’une méridienne, un cadran solaire géant qui permettait à l’époque de repérer le midi solaire. À son sommet trônait une statue d’Uranie, muse de l’astronomie, imaginée par Clément Jayet. Celle-ci mesurait près de 3 mètres de haut et tenait entre ses mains le style : la tige qui fait de l’ombre et permet de déterminer l’heure. En plus de servir de cadran solaire, la colonne du méridien avait été pensée comme une fontaine pour répondre aux plaintes des habitants sur la qualité de l’eau dans leur quartier. Un monument multifonction, en somme !
Un symbole de révolte
La première moitié du 19e siècle à Lyon est marquée par les multiples révoltes des canuts. Par sa hauteur et sa place dans la ville, la colonne du méridien devient alors un symbole à capturer. En 1834, elle est prise par les insurgés pendant plusieurs jours. Plus tard, une fois les révoltes terminées, la colonne du méridien se transforme en lieu d’hommages. C’est ainsi que le 9 avril 1849, elle se retrouve habillée d’un drap noir et de nombreux drapeaux tricolores pour la commémoration de la révolte de 1834. Ce même jour, un drapeau rouge est attaché à la tête d’Uranie. Déjà bien abimée par le temps, il n’en faut pas plus à la statue pour se casser et voir sa tête se détruire sur le sol.
Une disparation sans précédent
Pendant neuf ans, la colonne du méridien restera telle qu’elle, avec une statue d’Uranie sans tête. Ce n’est qu’en 1858 que la décision est finalement prise de détruire l’ensemble, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que l’apparence de la colonne n’avait plus fière allure depuis cet accident. Mais cette destruction intervient aussi, et surtout, pour répondre aux travaux qui prennent place en ville. À cette même époque, le Palais de la Bourse est en pleine construction et la place des Cordeliers en plein réaménagement. C’est aussi à cette période que la Rue impériale, qui deviendra par la suite la Rue de la République, est en plein percement. Il devient donc inévitable de supprimer la colonne du méridien. Ironie de l’histoire ou simple hasard, Uranie est aujourd’hui la seule muse absente à l’Opéra de Lyon.
Photo de Une : © Bibliothèque Municipale de Lyon