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Sport & Bien-être

Jeux olympiques : deux lyonnais médaillés d’or aux JO

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Qualifiés haut la main, les champions d’aviron Matthieu Androdias et Hugo Boucheron ont décroché l’or aux  Jeux olympiques d’été de Tokyo. Vivre Lyon les avait rencontré à Lyon pendant leur entraînement.

 

Depuis combien de temps naviguez-vous ensemble ? 
Hugo : Depuis 2015.Nous avons terminé deuxième aux championnats de France en individuel, la fédération nous a alors associé. Ça a tout de suite fonctionné entre nous. Techniquement et physiquement nous nous ressemblons beaucoup, c’est ce qui nous a permis d’obtenir une très bonne synchronisation, d’aller très vite. J’étais à Toulouse avant de rejoindre Matthieu à Lyon il y a plus d’un an.

Matthieu : On ne se connaissait pas quand on nous a mis ensemble, nous avons dû travailler jusqu’à atteindre la synchronisation parfaite. C’est un sport levier où le physique est incontournable, mais le fait d’avoir la même taille et le même poids n’est pas suffisant. Ramer n’est pas un geste naturel. Il y a ensuite eu cette première compétition où nous avons terminé vice-champions d’Europe. 

Le point de départ d’une grande carrière ?
M : Ça a immédiatement bien marché sur cette compétition, et ensuite il y a eu une traversée du désert pendant trois ans. On a alors enchainé les défaites. En 2016 nous sommes passés à côté de notre finale olympique. En 2017, rebelote, nous remportons les championnats du monde en demi-finale devant les néo-zélandais, le seul bateau invaincu de l’année. On a beaucoup attendu de nous, du titre… Je ne sais pas si c’est ce qui nous a porté préjudice mais nous avons complètement loupé la finale, arrivant bon sixième de la compétition. Pour la troisième année consécutive nous sommes passés au travers. J’ai failli tout arrêter, pensant que c’était fini, qu’on n’y arrivait pas. Toute cette frustration qui s’étale sur des mois, des années, est très compliquée à gérer ; elle vous ronge de l’intérieur.  Nous avons finalement pris un papier et un stylo et avons redéfini nos objectifs et notre projet. Nous y avons cru une saison supplémentaire et avons tout gagné : les championnats européens et mondiaux à un mois d’intervalle. Nos défaites précédentes nous ont certainement ouvert des portes. Nous nous sommes forgés à travers la défaite.  

Comment vous préparez-vous pour les Jeux Olympiques ?
M : L’aviron est un sport extrêmement physique dans lequel plus de 90 % des muscles du corps sont sollicités. Il est d’ailleurs reconnu comme étant l’une des épreuves des Jeux la plus éprouvante pour le corps. Nous réalisons donc un gros volume d’entrainement physique, sans quoi réussir est illusoire. Nous nous entraînons en salle -à Spa Lyon plage, Lyon 4e, ndlr. – ou à l’extérieur, au lac de Miribel. Ce qui représente une vingtaine d’heure de travail physique par semaine, sept jours sur sept. Nous nous sommes entrainés le 1er de l’an et le 25 décembre. Les bons petits plats de chez maman, une soirée un peu arrosée, tout se paie… 

H : Le matin on rame environ 20 km. L’après-midi est consacré à la musculation et au cardio.   

M : À cet aspect physique, nous avons décidé d’ajouter une préparation mentale : la gestion du stress, des émotions…. C’est une facette que nous expérimentons depuis plusieurs années, et dont les résultats ont été immédiats. L’année où nous avons tout remporté est celle où nous avons commencé la préparation mentale. Une dizaine d’athlètes sont venus nous voir sur le chemin du retour pour connaître notre secret. Le mental est primordial ! Il y a celui que nous sommes et celui que nous devenons sous la pression ou la douleur. Sans ce travail, nous devenons le pantin de nos pulsions et de nos peurs. Le but de cette préparation est de réagir de manière consciente et prendre la bonne décision en temps réel. Ça peut sembler un peu mystique mais elle permet de ramener toutes les énergies dans le présent durant l’effort. Le danger pour nous qui réalisons un geste cyclique est de se retrouver en pilote automatique. Une course c’est 240 coups d’aviron. Ils doivent être réalisés avec un maximum d’énergie possible. Ce n’est pas parce qu’on s’entraine comme une bête qu’on va gagner. Une compétition se joue sur de petits détails…  

M : La fédération ne fournit pas cette préparation. C’est même un peu tabou. Quand je suis arrivé en équipe de France, on m’a dit « si tu es malade il faut aller voir un psy ». C’est très fermé, on ne peut pas en parler. On s’entraine tellement qu’on considère que si nous suivons le programme d’entrainement classique nous serons suffisamment fort. C’est idiot ! 

H : La préparation mentale est considérée comme un signe de faiblesse. C’est typique de l’amateurisme… 

L’aviron, bien que figurant aux Jeux olympiques, n’est pas considéré comme un sport professionnel ?
M :  En France, la fédération est extrêmement conservatrice. Elle tient à garder l’aviron dans l’amateurisme par manque de moyens et parce que c’est un sport authentique. Le manque d’argent nous a mis à l’abri de certains problèmes comme le dopage. Le problème qui se pose est que pour rester sur les podiums il est essentiel de devenir professionnel.  Cette année nous avons été détachés de nos emplois respectifs pour nous concentrer exclusivement sur l’aviron, mais nous ne pourrons pas assurer cette situation les années suivantes. Si nous voulons rester performant, notre statut doit changer. 

 

Photos réalisées par Yanis Ourabah

 

 > Retrouvez l’intégralité du reportage dans le magazine Vivre Lyon n°16

 

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