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Plan Loup 2024-2029 à Lyon : L’Équilibre en Péril ?
Plan Loup 2024-2029 à Lyon : L’Équilibre en Péril ? Officiellement présenté à Lyon, ce lundi 18 septembre 2023, par le gouvernement français. Les enjeux de ce plan national d’action 2024-2029 sont considérables, visant à mieux protéger les éleveurs tout en préservant la biodiversité. Au cours de cette réunion à huis clos, la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes a dévoilé les principales mesures du plan loup, élaboré en collaboration avec diverses parties prenantes, y compris des représentants du monde agricole, des élus, des chasseurs, et des associations de protection de la nature.
Vers un changement de statut du loup ?
L’un des aspects les plus remarquables du plan loup est l’étude potentielle du reclassement du loup de l’état de « strictement protégée » à « protégée » au niveau international et européen. Cette transition vise à passer d’une logique réactive à une logique de gestion, axée sur la prévention plutôt que la défense. Cependant, cette proposition a été controversée, entraînant même le départ de l’association Ferus lors de la présentation du plan.
Simplification des tirs
Le plan loup prévoit un renforcement des prélèvements en début de saison pour limiter les attaques pendant la période d’estive. Il autorise également la possibilité d’avoir jusqu’à trois tireurs sur le tir de défense simple, sous réserve d’une autorisation du préfet basée sur des critères objectifs, tels que la taille de l’estive. Les louvetiers seront déployés dans les 48 heures suivant une attaque, n’auront plus l’obligation d’éclairer avant les tirs, et pourront utiliser des lunettes thermiques. De plus, du matériel de vision nocturne sera autorisé pour les éleveurs et les chasseurs, et ces derniers pourront être formés à la louveterie.
Plus de prélèvements possibles ?
Le plan loup prévoit une augmentation potentielle du taux de prélèvement sur la période 2024-2029, passant de 19 % à 20 ou 21 %, sous réserve de l’évolution de la population lupine. Cette mesure vise à mieux gérer la coexistence entre les loups et les éleveurs en cas de surpopulation de loups.
Comptage des loups
Le plan prévoit une réforme du comptage des loups pour répondre aux exigences de coopération internationale et européenne, en utilisant des méthodes de comptage standardisées. De plus, il vise à restaurer la confiance dans les chiffres de population grâce à une mobilisation accrue de la recherche pour déterminer les seuils démographiques et génétiques garantissant la conservation de l’espèce.
Protection des troupeaux
Le plan loup prévoit également une amplification de la recherche sur les moyens de protection des troupeaux, avec un budget de 2,5 millions d’euros sur la période 2024-2029. Cela inclut le renforcement de l’efficacité des tirs, l’adaptation des moyens de protection aux contextes d’élevage et de prédation, ainsi que la création d’un statut officiel pour les chiens de protection de troupeaux, et une meilleure organisation de la filière de production de ces chiens.
Indemnisation des éleveurs
Une autre mesure importante du plan concerne l’indemnisation des éleveurs. Le plan prévoit une meilleure prise en compte des dommages indirects subis par les éleveurs en raison des attaques de loups, tels que les pertes génétiques, les avortements, ou les animaux disparus. Les éleveurs victimes de ces préjudices seront indemnisés dans un délai de 125 jours et bénéficieront également d’un accompagnement.
L’état actuel de la population de loups en France
Selon l’Office français de la biodiversité, la population de loups en France a atteint 1 104 individus en 2023, contre 906 les années précédentes. Les attaques de loups touchent actuellement 55 départements en France, avec une présence de plus en plus marquée dans les Alpes, en PACA, dans le Doubs, et en Saône-et-Loire. En 2022, pas moins de 12 000 bêtes ont été attaquées, ce qui a entraîné une agitation considérable dans le monde agricole.
Un sujet éminemment politique et international
La question du loup dépasse largement les frontières françaises. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué la possibilité de réviser le statut d’espèce protégée du loup au niveau européen, soulignant les préoccupations concernant les dangers potentiels pour le bétail et même les êtres humains en Europe.
Le loup bénéficie actuellement d’une protection stricte dans toute l’Europe en vertu de la Convention de Berne. Le précédent plan loup autorisait la France à abattre 174 loups par an, soit 19 % de la population lupine. Ces abattages étaient strictement réglementés et nécessitaient l’intervention des préfets et des lieutenants de louveterie.
Des réactions mitigées
Le nouveau plan loup a suscité des réactions mitigées. Les associations de protection de la nature ont critiqué les nouvelles mesures, estimant qu’elles favorisent davantage les autorisations de tirs que la préservation des loups. D’autre part, les éleveurs ont salué les simplifications des protocoles de tirs pour mieux protéger leurs troupeaux.
Il est indéniable que la question du loup demeure complexe et controversée, mais ce plan national d’action 2024-2029 constitue une tentative de trouver un équilibre entre la protection de cette espèce et la préservation des moyens de subsistance des éleveurs. La mise en œuvre de ces mesures et leur impact sur la coexistence entre l’homme et le loup seront étroitement surveillés dans les années à venir.